"Dans la confusion de notre époque,quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom l'Orthodoxie,
il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères..."
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 29 janvier 2017

La prière de Jésus


Tu regrettes que la prière de Jésus ne soit pas incessante, que tu ne la récite pas sans discontinuer... Mais la répétition constante n'erst pas requise. Ce qui est requis, c'est d'être constamment vivant en Dieu, une vie constante qui est présente quand tu parles, tu lis, tu regardes ou tu observes quoi que ce soit. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 27 janvier 2017

Saint Théophane le Reclus: L'art et la science de la prière ( Lettre 15)

Pas de commentaire ce jour!


Vous écrivez que vous avez prié avec ferveur et  tout de suite vous étiez calmé, recevant l'assurance intérieure que vous seriez libéré de l'oppression, et alors, en effet, il en fut ainsi...

Rappelez-vous comment vous avez prié et efforcez-vous toujours de prier de cette façon, afin que la prière vienne du cœur et  ne soit pas seulement pensée par l'esprit et dite par la langue.

Je ne vais pas cacher le fait que, si une fois vous avez prié avec le cœur, il n'est guère possible de prier sans cesse de cette façon. Une telle prière est donnée par Dieu, ou bien est inspirée par votre ange gardien. Elle va et vient. Il ne s'ensuit pas, cependant, que nous devrions abandonner le labeur de la prière. La prière du cœur vient quand on fait un effort, à ceux qui ne font pas d'effort, elle ne viendra pas. Nous voyons que les saints Pères font des efforts extraordinaires dans la prière, et par leurs luttes ils ardèrent l'esprit chaleureux de la prière. Comment ils en sont venus à cet état de prière, cela est illustré dans les écrits qu'ils nous ont laissés. Tout ce qu'ils disent au sujet de la lutte dans la prière constitue la science de la prière, qui est la science des sciences. Le temps viendra où nous étudierons cet art [cf l'ouvrage classique de saint Théophane L'art de la prière]. Mais à présent que ceci est arrivé dans notre correspondance, je ne touche à ce sujet qu'en passant. Permettez-moi d'ajouter: Il n'y a rien de plus important que la prière et, par conséquent, notre plus grande attention et notre attention la plus diligente doit y être consacrée. Accorde-nous, ô Seigneur, le zèle pour un tel effort!


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 26 janvier 2017

Saint Théophane le Reclus: Comment assister aux Offices



Ne soyez pas tentés de vous laisser aller à ne pas venir à l'église au début de l'office, ou de partir avant qu'il ne soit fini. Rappelez-vous que chaque office est une unité complète et qu'il ne peut fournir ses bienfaits pleinement que dans son intégralité. Tout comme la nourriture n'est savoureuse que si elle est complètement assaisonnée, de même l'office ne peut satisfaire pleinement le goût spirituel que quand il est entendu dans son intégralité. Ainsi, celui qui manque le début, ou ne reste pas jusques à la fin, oeuvre certes, mais il se prive du fruit de son travail, il crée d'une main et détruit de l'autre.

En outre, il faut aller à l'église sans être distrait. Car, il est toujours possible que l'on puisse aller à l'église d'une manière qui n'est pas digne de louange, mais plutôt de condamnation, c'est-à-dire, que l'on y va, et que l'on n'en reçoit aucun bénéfice spirituel. 

En approchant de l'église, on doit laisser de côté tout le soin et le souci de ses affaires sur le seuil, pour entrer avec un esprit serein. Entrant dans l'église, on doit se revêtir de révérence comme d'un vêtement, se souvenant de Ceux vers Qui nous venons et à Qui nous avons l'intention d'adresser nos prières. Après avoir gagné notre place dans l'église (au même endroit à chaque fois, c'est l'idéal), on doit rassembler ses pensées et se tenir mentalement devant la Face du Dieu omniprésent, en Lui offrant un culte respectueux de corps et d'esprit, avec un coeur contrit, dans une humble vénération. 

Après cela, vous devez suivre, sans pensées errantes, tout ce qui se passe - ce qui est chanté et lu dans l'église - tout jusques à la fin de l'office. C'est tout! De cette façon, nous ne vous ennuierons pas à l'église, regardant çà et là et commençant des conversations, et nous ne serons pas là, à souhaiter que l'office soit bientôt fini. Au lieu de cela, en passant d'un sentiment de prière à l'autre et d'une pensée respectueuse à l'autre, nous serons semblables à ceux qui, dans un jardin parfumé, se déplacent d'un groupe de fleurs à l'autre.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 25 janvier 2017

Mercredi de la Trente-Deuxième Semaine après la Pentecôte


Pas de commentaire de saint Théophane ce jour!

SAINT THEOPHANE LE RECLUS

Même si la prière est habituelle pour nous, elle exige toujours une préparation. Qu'y a-t-il de plus fréquent pour ceux qui savent lire et écrire que de lire et d'écrireCependant, nous asseyant pour lire ou écrire, nous ne commençons pas immédiatement, mais nous nous calmons avant de commencer, au moins au point où nous pouvons lire ou écrire dans un état paisible. Ceci est d'autant plus vrai, pour la prière: la préparation pour le travail de la prière est nécessaire avant la prière, surtout quand ce que nous avons fait avant la prière est d'une nature totalement différente de la prière.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 24 janvier 2017

Mardi de la Trente-Deuxième Semaine après la Pentecôte


Ephésiens 2: 19-3: 7; Marc 11: 11-23

Le Seigneur a enlevé sa bénédiction du figuier, qui était riche en feuilles, mais qui n'avait pas de fruit, et il a séché. C'est une leçon d'action. Le figuier représente des personnes qui en apparence sont propres, mais en essence ne sont pas dignes d'approbation. Qui sont ces gens? Ce sont ceux qui parlent avec éloquence de la foi, mais qui n'ont pas cette foi - ils ne tiennent les objets de la foi que dans l'intellect. Ce sont ceux dont le comportement extérieur est bon, mais leurs sentiments et leurs dispositions sont très-mauvais, et ils ne manifestent des œuvres convenables que pour cacher leur inconvenance aux gens; Dans la mesure du possible, ils ne font pas ces travaux. Par exemple, une telle personne donne l'aumône quand quelqu'un lui demande devant les gens, mais lui demander en privé et il vous réprimander. Il va à l'église prier Dieu, prie en vue de tout le monde, et prie à la maison aussi bien, afin de ne pas mettre la honte sur lui-même devant sa maison. Mais dès qu'il est seul, il ne fait même pas le signe de la croix sur son front. Il n'a aucune idée de se tourner vers Dieu avec l'esprit et le cœur. Prions pour que Dieu ne nous permette pas d'être comme ceux-ci. Car alors nous n'échapperons pas au jugement prononcé sur le figuier.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
St Theophan the Recluse
Thoughts for each Day of the Year
St Herman of Alaska,
Platina, CA
USA
2010
+

mercredi 18 janvier 2017

Mercredi de la Trente-Quatrième semaine après la Pentecôte



Matthieu 10:16-22

Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé. Et avons-nous quelque chose à endurer? De cela personne n'est privé. L'arène de l'endurance de chacun est vaste, c'est pourquoi notre salut est à portée de main. Supporte tout jusques à la fin et tu seras sauvé. Toutefois, tu dois supporter habilement, sinon tu ne pourras pas gagner quelque chose par ton endurance. Tout d'abord, garde la sainte foi et mène une vie irréprochable selon la foi; purifie-toi immédiatement de tous les péchés qui se produisent avec la repentance. Deuxièmement, accepte tout ce que vous dois endurer comme venant de la main de Dieu, te souvenant fermement que rien n'arrive sans la volonté de Dieu. Troisièmement, rends grâces à Dieu sincèrement pour tout, croyant que tout ce qui procède du Seigneur est envoyé par Lui vers le bien de nos âmes remercions-le des épreuves, et des consolations. Quatrièmement aime l'affliction, pour son mérite de salut et cultive une grande soif d'elle, comme une boisson qui, bien amère, apporte la guérison. Cinquièmement, garde dans tes pensées que quand un malheur est arrivé, tu ne peux pas le rejeter, comme des vêtements trop justes, tu dois le supporter. Que ce soit dans un sens chrétien, ou d'une manière non-chrétienne, tu dois le supporter néanmoins, il est donc préférable de le supporter d'une manière chrétienne. Se plaindre ne vous sauvera pas du malheur, mais le rendra seulement plus lourd, tandis que l'humble soumission à la Providence de Dieu et la bonne humeur allégeront le fardeau de malheurs. En sixième lieu, rends-toi compte que tu mérites même un plus grand malheur, rends-toi compte que si le Seigneur avait voulu te traiter comme tu le méritais à juste titre, serait un tel petit malheur serait-il vraiment suffisant? Septièmement,  prie surtout, et le Seigneur miséricordieux te donnera la force d'esprit. Avec une telle force, d'autres seront émerveillés par tes malheurs qui semblent n'être rien pour toi.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
St Theophan the Recluse
Thoughts for each Day of the Year
St Herman of Alaska,
Platina, CA
USA
2010
+

mardi 17 janvier 2017

Mardi de la Trente-et-Unième Semaine après la Pentecôte




Luc 10:1-15


Y aura-t-il une semblable indulgence dans l'autre monde pour ceux qui n'acceptent pas le Seigneur comme Il a montré de l'indulgence envers ceux qui vivaient sur cette terre? Non. Envoyant les "septante" pour prêcher, le Seigneur leur avait ordonné, que, quand ils ne seraient pas reçus, ils disent à la croisée des chemins: Nous secouons contre vous la poussière même de votre ville qui s'est attachée à nos pieds; sachez cependant que le royaume de Dieu s'est approché. Autrement dit, nous n'avons besoin de rien venant de vous, ce n'est pas par intérêt que nous marchons et prêchons, mais pour la proclamation vers vous de la paix et du Royaume de Dieu. 

Si vous ne souhaitez pas recevoir ce bien, comme vous le voulez, nous continuerons [ailleurs]. Ainsi, cela fut-il ordonné pour ce temps, mais comment sera-ce à l'avenir? [...]au jour du jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins rigoureusement que cette ville-là. Par conséquent, il est inutile pour les incroyants d'espérer en l'indulgence du Seigneur.

Tandis qu'ils sont sur la terre ils ne font que ce qu'ils veulent, mais dès que la mort vient, toute la tempête de l'ire de Dieu viendra sur eux. C'est grand malheur d'être comme les incroyants! Ils n'ont même pas la joie sur terre, parce que sans Dieu et sans le Seigneur Jésus-Christ, Sauveur et Rédempteur, même ici, tout est triste et morne; ce qui adviendra alors est impossible à décrire en mots ou à imaginer. Il leur serait plus tolérable d'être détruits, mais même cela ne leur sera pas donné.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
St. Theophane the Recluse
Thoughts for each Day of the Year
St. Herman of Alaska,
Platina, CA
USA,
2010

jeudi 12 janvier 2017

Jeudi de la trentième Semaine après la Pentecôte





Hébreux 10:35-11:7, Marc 11:27-33

Le Sauveur prouve qu'il a été envoyé du Ciel à travers le témoignage de Jean le Précurseur. Ils étaient silencieux, car il n'y avait rien à dire de contraire, mais ils ne crurent pas. Une autre fois, Il a prouvé la même chose par Ses actes, et ils ont pensé d'une manière déformée encore: [Il chasse les démons] par le prince des démons (Mt 9:34, 3:22 Mc.). Mais quand cette torsion a été prouvée tout à fait inappropriée, ils se turent à nouveau, mais néanmoins, ils ne crurent pas. 

Ainsi les incroyants ne croient pas, peu importe ce que vous dites, et comment vous prouvez de façon convaincante la vérité. Ils ne peuvent rien dire de contraire, alors que pourtant ils ne croient pas. On pourrait dire que leur esprit est paralysé, car ils raisonnent cependant de manière sensée à propos d'autres choses. 

Ce n'est que lorsque la question touche à la foi, qu'ils se troublent dans leurs concepts et leurs mots. Ils deviennent confus, quand ils présentent leurs perspectives en tant que substitut des principes de la foi donnée par Dieu. Là, leurs doutes soulèvent un tel obstacle que c'est comme une falaise abrupte. Si vous écoutez leur théorie jusques à la fin, vous verrez qu'un enfant peut comprendre que c'est une toile d'araignée, mais ils ne le voient pas.

Ô aveuglement incompréhensible! On peut expliquer l'obstination des infidèles comme ne voulant pas croire, mais d'où cela vient-il? D'où vient ce pouvoir qui fait qu'un homme sensé s'accroche consciemment  à une forme illogique de pensée? Ce sont les ténèbres. Cela ne vient-il pas du père des ténèbres?

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
St Theophan the Recluse
Thoughts for each Day of the Year
St Herman of Alaska,
Platina, 
CA
USA
2010+

mardi 10 janvier 2017

Mardi de la Trentième Semaine après la Pentecôte




Hébreux 9:8-10, 15-23; Marc 11: 11-23


   Le figuier couvert de feuilles était splendide en apparence, mais il n'a pas été honoré de l'approbation du Seigneur parce qu'il n'y avait pas de fruits sur lui, et il n'y avait pas de fruits parce qu'il n'y avait pas de pouvoir de donner des fruits en lui.

Combien de ces figuiers il y a dans le sens moral! En apparence, tout est bon, mais à l'intérieur il n'y a rien. Ils sont en bon ordre, honorables, et accomplissent tout ce qui est chrétien, mais ils n'ont pas l'esprit de vie en Jésus-Christ; ce qui est la raison pour laquelle ils ne disposent pas de fruits vivants. Et ce qui est en eux semble seulement être des fruits, mais ce n'en sont pas.

En quoi se trouve l'esprit de vie en Jésus-Christ? Pour cela, nous disons: une partie de ceci vient du Seigneur, et l'autre de nous. Ce qui vient du Seigneur est essentiellement le pouvoir spirituel de porter du fruit; ce qui vient de nous est seulement le réceptacle de ce pouvoir. Soyez plus concernés par ce dernier. La racine de tout cela, c'est le sentiment que vous périssez, et que s'il n'y avait pas le Seigneur, vous péririez. Pour cela, vous aurez un cœur brisé et humilié, dans tout ce que vous faites, tout au long de votre vie.

En outre, puisque l'avenir est inconnu, il y a beaucoup d'ennemis, et vous pouvez tomber à chaque instant, la peur et le tremblement accompagnant le salut, avec le cri incessant: " Ô Toi qui connais toutes choses, sauve-moi" Malheur à celui aussi qui se repose sur autre chose que le Seigneur; malheur à celui qui a travaillé pour autre chose que le Seigneur!

Demandez-vous, vous qui travaillez à des actes qui sont considérés comme agréables à Dieu, pour qui travaillez-vous? Si votre conscience répond hardiment: seulement pour le Seigneur-c'est bien; mais sinon, vous construisez une maison sur le sable. C'étaient quelques indications d'un esprit intérieur fertile. Vous pouvez comprendre beaucoup d'autres choses selon ces indications.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
St Theophan the Recluse
Thoughts for each Day of the Year
St Herman of Alaska,
Platina, CA
USA
2010
+

dimanche 8 janvier 2017

Jean-Claude LARCHET: Recension: Saint Théophane le Reclus, « Lettres de direction spirituelle »


Pas de commentaire ce jour!
*



Saint Théophane le Reclus, Lettres de direction spirituelle. Traduit du russe par Anne Kichilov ; introduction de Bernard Le Caro, Éditions des Syrtes, Paris, 2014, 269 p.

Les éditions des Syrtes publient sous le titre Lettres de direction spirituelle un ouvrage du célèbre évêque et ascète russe saint Théophane le Reclus (1815-1894). Il s’agit à l’origine de lettres adressées à une jeune femme de la haute société russe, à travers lesquelles saint Théophane lui a enseigné progressivement la vie spirituelle, pour laquelle elle montrait des dispositions mais dont elle n’avait pas au départ de connaissance précise. L’ensemble présentant une suite cohérente, Théophane a réécrit ses lettres pour en faire une sorte de traité d’initiation à la vie spirituelle sous forme épistolaire, d’où le titre qui lui a été donné en russe: Qu’est ce que la vie spirituelle et comment y disposer son cœur? Ce livre a eu un grand succès en Russie où il a été publié la première fois en 1878 et a connu ensuite six éditions jusqu’à la Révolution.
Saint Théophane veut tout d’abord poser des bases anthropologiques; autant avertir tout de suite le lecteur que les quinze premières lettres où elles sont exposées n’entrent pas dans le vif du sujet et peuvent même paraître fastidieuses et sans intérêt, puisqu’elle reposent sur des catégories psychologiques et physiologiques de la fin du XIXe siècle qui paraissent aujourd’hui très datées.
C’est à partir de la lettre XVI que Théophane déploie son exposé de la vie spirituelle, abordant pédagogiquement ses différentes étapes et ses divers aspects. Sont ainsi successivement traités, dans un style simple et vivant, les thèmes suivants: le vrai but de la vie présente; l’Unique nécessaire; le péché originel; le dérèglement dans la nature de l'homme; la nécessité de l'union avec Dieu; le relèvement rédempteur de l'homme tombé; le zèle spirituel; le renouveau et la purification de soi-même; l’action cachée de la grâce; la concentration intérieure; la patience et la constance; comment soutenir l'aspiration initiale; la préparation à la sainte communion; la préparation à la confession; les dispositions du cœur; le mystère du repentir et la communion; comment être en harmonie avec la volonté de Dieu; comment l’ennemi essaye de nous égarer; les différentes causes du refroidissement spirituel; le souvenir constant de Dieu; la paix intérieure; la prière sans distraction; comment faire jaillir en soi le souvenir incessant de Dieu; comment transformer le fardeau de la vie en profit spirituel; brûler d’amour pour Dieu; les passions comme obstacle à l'esprit; la lutte contre les passions; les mouvements les plus subtiles des passions; les étapes dans le développement des passions; la prière dans la lutte avec les pensées passionnées; comment purifier le cœur; comment garder l’ouïe et la vue; la lutte active contre les passions; au sujet du chant et de la musique; la solitude; la nécessité d’avoir un bon conseiller; la dépression et la peur; sur la lecture de livres spirituels et des livres séculiers; sur la froideur dans la prière; le vœu de renonciation au monde; le vœu de chasteté; l’aspiration à la vie monastique; les ruses de l'ennemi; les tentations venant des incroyants; l’obéissance aux parents; comment supporter les injustices et les fausses accusations; les anxiétés et les troubles de la fin; le repos après la tempête.
L’œuvre de Théophane est précédée d’une excellente introduction biographique de Bernard Le Caro, basée sur des documents authentiques, pour la plupart inédits en français.
La vie de saint Théophane est particulièrement intéressante.

Connu comme un ascète qui a vécu une longue période de réclusion volontaire (c’est-à-dire qu’il était enfermé dans sa cellule et ne communiquait que par lettres avec l’extérieur, comme ce fut aussi le cas des saints ascètes palestiniens saint Barsanuphe et saint Jean de Gaza), Théophane avait suivi tout le cursus des études théologiques et avait occupé divers postes importants comme professeur, inspecteur ou recteur dans l’enseignement supérieur religieux (Institut ecclésiastique de Kiev, Séminaire ecclésiastique de Novgorod, Séminaire ecclésiastique d’Olonetz, Académie ecclésiastique de Saint-Pétersbourg), avant de devenir évêque de Tambov puis de Vladimir, l’un des plus importants diocèses de Russie.
La détérioration de sa santé et aussi des désagréments dans la direction du diocèse lui donnèrent l’occasion de réaliser le désir qu’il avait depuis longtemps de quitter le monde pour mener la vie ascétique et surtout se consacrer pleinement à la rédaction et à la traduction d’ouvrages spirituels.
En 1866, alors qu’il était âgé de 52 ans, il se retira à l’ermitage de Vycha. C’est alors que commença la période de la vie la plus fructueuse de sa vie, qui dura presque vingt-huit ans et au cours de laquelle il vécut reclus.
Durant ses six premières années à Vycha, il reçut encore des visiteurs. Mais en 1872, il se retira complètement dans la solitude, cessant toute relation avec le monde extérieur, à l’exception de son père spirituel.
Chaque jour il se levait très tôt et, après avoir accompli sa règle de prière en cellule, il se rendait à sa chapelle, au même moment que la cloche sonnait pour l’office, et il y célébrait tous les offices du matin selon le typikon du monastère, puis la Divine Liturgie qu’il célébrait quotidiennement seul. La suite de la matinée était consacrée à ses travaux de rédaction, de traduction et d’édition. À deux heures de l’après-midi, il prenait son déjeuner, ne mangeant que ce qui était nécessaire au soutien de ses forces (les jours ordinaires où l’on ne jeûnait pas, il mangeait deux œufs, et dans les dernières années, il ne prenait souvent qu’un seul verre de lait avec du pain ; durant tous les carêmes, il suivait les règles prescrites, mais pendant le Grand Carême, il y avait des jours où il s’abstenait de toute nourriture). Après le repas, il se reposait un peu assis sur une chaise et s’occupait ensuite de travaux manuels, comme la sculpture de petits objets en bois ou encore la reliure de livres qu’il distribuait ensuite comme cadeaux. Assurant lui-même la diffusion de ses ouvrages, il préparait lui-même les paquets qu’il envoyait. En outre, il peignait des icônes. Le soir, il célébrait les vêpres dans sa chapelle et se préparait à la Liturgie du lendemain. Il ne dînait pas, mais prenait deux verres de thé à quatre heures de l’après-midi. Après avoir accompli sa règle de prière du soir, il s’étendait jusque tôt le matin. Le temps qui lui restait était consacré à la lecture de livres, de journaux et de périodiques, et à la réflexion sur ce qu’il devait écrire dans ses œuvres et ses lettres.
Dans ses dernières années, saint Théophane était parvenu à un tel degré de perfection, que les moines ayant accès à sa cellule remarquaient que la grâce divine l’avait rendu simple et innocent comme un enfant, et qu’elle émanait visiblement de lui sous la forme d’une joie, d’une paix et d’un amour débordant.
Durant la dernière année de sa vie terrestre (1893), saint Théophane s’affaiblit ; il eut des maux de tête qui le rendaient incapable d’écrire et il souffrit de fortes crampes aux jambes qui le contraignirent à rester alité. Il quitta ce monde le 6 janvier 1894, jour de la Théophanie et de la fête patronale de sa chapelle. Son corps resta six jours dans le cercueil, trois jours dans sa chapelle et trois jours dans l’église du monastère, sans manifester aucun signe de décomposition. La nouvelle de son trépas se répandit rapidement, et la foule afflua pour atteindre plusieurs dizaines de milliers de fidèles le jour de ses funérailles.
En 1988, l’évêque Théophane fut canonisé par le concile local de l’Église orthodoxe russe. Ses reliques se trouvent l’église de Notre Dame de Kazan de l’ermitage de Vycha.
Saint Théophane a mené une vie de réclusion moins par désir d’ascèse que dans le but de se consacrer pleinement à des travaux d’écriture et de traduction. Il pensait pouvoir par là accomplir un travail pastoral plus large que celui d’un évêque dans son diocèse.
Le résultat de ce choix de vie (qui ne fut pas toujours aisé pour lui) fut la production d’une œuvre immense.
Saint Théophane écrivit tout d’abord soixante ouvrages spirituels, dont : La voie vers le salut (1868-1869), L’ordre de la vie agréable à Dieu (1868-69), Lettres sur la vie spirituelle (1870-71), Pensées pour chaque jour de l’année sur les lectures ecclésiales de la parole de Dieu (1871), Qu’est-ce que la vie spirituelle et comment y disposer son cœur? (1878) Courtes pensées pour chaque jour de l’année, placées selon le nombre des mois (1882), Esquisse de la morale chrétienne (1891).
Saint Théophane écrivit aussi plusieurs commentaires de l’Ancien (en particulier des psaumes) et du Nouveau Testament (notamment de tous épîtres de saint Paul à l’exception de l’épître aux Hébreux).
En plus de ce travail d’exégèse, il déploya une intense activité de traduction de textes patristiques : les Catéchèses et Discours de S. Syméon le Nouveau Théologien (1877-1881), Le combat invisible de St Nicodème l’Hagiorite (1885-1887) dont il offrit une version révisée, et Les règles monastiques de S. Pacôme, S. Basile le Grand, S. Jean Cassien et S. Benoît (1892).
Le couronnement de son œuvre de traductionio fut l’édtion en russe de la Philocalie, en faisant d’autres choix de textes que ceux qu’avait faits S. Païssy Velitchkovsky (1722-1794) pour sa version slavonne.
À cette œuvre volumineuse vient s’ajouter une vaste correspondance: chaque jour, S. Théophane recevait entre vingt et quarante lettres et il répondait à toutes. Il a ainsi laissé environ 1500 lettres d’un grand intérêt spirituel.
Les écrits de saint Théophane sont fortement appuyés sur les œuvres des Pères, mais il apporte souvent une touche d’originalité. Conformément à son projet pastoral, son style et simple et ses ouvrages sont abordables par un large public.
Malheureusement peu d’entre eux sont traduites en français, en dehors de Pour garder la flamme (éditions L'Age d'Homme; actuellement épuisé), et des extraits divers (surtout de commentaires de l'Écriture) que l'on trouve sur le blog de Claude Lopez-Ginisty consacré à saint Théophane).
Cette publication constitue donc un événement qu’il faut saluer.


Jean-Claude Larchet

dimanche 1 janvier 2017

Dimanche de la 28ème Semaine après la Pentecôte

Pas de commentaire ce jour

La hâte dans la prière (Lettre 71) selon saint Théophane le Reclus

(R)



Je suppose que vous vous êtes précipités avec négligence pour  compléter votre règle de  prière, juste pour vous en débarrasser. Faites-vous une règle, à partir de maintenant, de ne jamais prier avec négligence. Rien n'est plus offensant pour Dieu que cela. Il est préférable de laisser une partie de votre règle de la prière et d'accomplir le reste avec respect et avec crainte de Dieu, que de faire la règle de la prière, et de le faire avec négligence. Il est même préférable de lire, une seule prière, ou de vous mettre à genoux et de prier avec vos propres mots, que de prier avec négligence. Si vous priez négligemment, il n'y aura pas de fruits.




Blâmez-vous sérieusement pour une telle négligence. Que cela soit clair pour vous: quiconque  prie avec ferveur et avec attention ne termine la prière sans sentir l'effet de la prière. Oh, de quelle bénédiction on se prive en se permettant la négligence dans la prière!



Version française Claude Lopez-Ginisty 
d'après
Orthodox Life
July-August 1982